Une Ghanéenne crée des vélos en bambou pratiques et écologiques

Fabriquer des vélos en bambou, à la fois pour lutter contre le changement climatique, la pauvreté et répondre aux besoins locaux, voici l’objectif de la Ghanéenne Bernice Dapaah, à l’origine de l’initiative « Ghana Bamboo Bikes » lancée en 2009. Bernice Dapaah a présenté son idée pour la première fois dans le cadre de la Clinton Global Initiative University, qui rassemble des centaines d’étudiants, d’universitaires et d’experts chaque année, afin d’échanger autour des solutions innovantes permettant de répondre aux défis planétaires, tels que le changement climatique.



LES VÉLOS EN BAMBOU SONT BIEN PLUS SOLIDES QUE LES BICYCLETTES CLASSIQUES

Bernice Dapaah explique les avantages des vélos en bambou par rapport aux vélos « classiques ».

Il y a quelques années, je me suis rendue compte que les vélos qu’on utilisait au Ghana n’étaient pas forcément adaptés aux besoins de la population. Ils permettent de rouler uniquement sur des routes en bon état, alors que c’est rarement le cas à la campagne. En plus, comme ce sont des vélos qu’on importe, ça ne crée pas d’emplois et ça ne développe les compétences de personne. Par ailleurs, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de bambou sauvage au Ghana, et que c’était une ressource qu’on pouvait utiliser pour fabriquer des vélos.


LE BAMBOU GÉNÈRE 30 % D’OXYGÈNE SUPPLÉMENTAIRE PAR RAPPORT AUX ARBRES

Sur le plan environnemental, le bambou permet d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau dans les zones où il est cultivé, puisqu’il absorbe le dioxyde de carbone, tout en libérant de l’oxygène [selon le principe de la photosynthèse, NDLR]. Par rapport aux arbres, il génère même 30 % d’oxygène supplémentaire. Ses racines, très denses permettent aussi de limiter l’érosion des sols – un aspect important pour les agriculteurs. De plus, le bambou qu’on utilise pour nos vélos n’est pas traité avec des produits chimiques.



LA FABRICATION DE VÉLOS EN BAMBOU EST PEU ÉNERGIVORE

La fabrication des vélos se fait en plusieurs étapes. Tout d’abord, il faut couper le bambou à la bonne taille, le tailler soigneusement, puis l’assembler pour former le cadre du vélo, à l’aide d’une résine et de fibres de sisal. [Le sisal est une plante souvent utilisée dans la filière du bois, NDLR.] Une fois que c’est sec, les pièces manufacturées sont ensuite fixées sur le cadre du vélo, comme les pédales et la fourche, par exemple. Et à la fin, des femmes récupèrent le bambou n’ayant pas été utilisé pour fabriquer des briquettes de charbon. Elles ont été formées pour cela.



Ça demande beaucoup de travail, mais la consommation énergétique est faible durant tout le processus de fabrication. En fait, le travail est essentiellement réalisé à la main, même si on utilise quand même une perceuse à colonne par exemple, une machine permettant de tailler le bambou avec précision.


NOS VÉLOS PERMETTENT DE CIRCULER SUR DES TERRAINS ACCIDENTÉS

Fabriquer des vélos en bambou présente également de nombreux avantages sur le plan économique. C’est un matériau solide, donc les vélos sont bien plus résistants que les bicyclettes « classiques », d’autant plus que le cadre et le porte-bagage sont liés. Du coup, ces vélos n’ont pas besoin d’être remplacés tout le temps. Et s’il faut les réparer, les matériaux, les outils et les compétences sont sur place. Ils peuvent donc transporter des charges bien plus importantes que les vélos « classiques » – des marchandises par exemple – et permettent de circuler sur des terrains accidentés.





CRÉATION D’EMPLOIS ET RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

Depuis la mise en place du projet, 35 emplois ont été créés en milieu rural. Ces personnes cultivent le bambou, assemblent les vélos… Elles ont été formées pour cela. Leur travail permet de subvenir aux besoins de leurs foyers. Du coup, il contribue à réduire la pauvreté en milieu rural.

Plus de 3000 vélos en bambou ont déjà été produits. Pour l’instant, il s’agit d’une initiative à l’échelle locale, mais je pense qu’elle va se développer car il existe une réelle demande au Ghana et dans les pays voisins. Le prix de nos vélos est de 150 $ au Ghana [soit 135 euros, NDLR] et de 350 $ ailleurs [soit 315 euros, NDLR].



 

© 2015 observers.france24.com