MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES : METTONS FIN À L’EXCISION !


Pour des millions de filles et de femmes dans le monde, l’excision et les autres mutilations génitales féminines sont une réalité à laquelle elles se trouvent confrontées au quotidien. Les mutilations sexuelles sont une forme de violence qui touche au moins 200 millions de filles et de femmes dans le monde. Chaque jour, 6 000 filles et femmes environ vont subir ces pratiques, avec des séquelles durables et irréversibles.

Les mutilations génitales féminines sont inextricablement liées à la lutte contre l’extrême pauvreté: elles vont en général de pair avec un mariage précoce et forcé, et un niveau d’instruction inférieur à la moyenne ; les victimes ont plus de risques d’être issues d’un milieu défavorisé et de ne pas parvenir à s’en extraire. Au-delà des chiffres et des statistiques, des chercheurs ont démontré les conséquences de ces pratiques sur la santé sexuelle et le bien-être psychologique des femmes.
C’est ce que Jaha Dukureh, victime qui se bat pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, qualifie de « pauvreté planifiée des filles », d’engrenage fatal entretenant la pauvreté. Avec d’autres militantes et victimes, Jaha s’est exprimée lors d’un événement récent organisé par le Groupe de la Banque mondiale, « Mettre fin aux mutilations génitales féminines : le rôle des lois, de l’éducation et des normes sociales ».



Elle a raconté comment, après avoir été excisée un mois après sa naissance, elle n’a réalisé les conséquences de ce traumatisme que beaucoup plus tard, quand elle s’est mariée. Elle avait alors 15 ans. Avec d’autres survivantes, elle est le fer de lance d’un mouvement international naissant visant à mettre fin à ces pratiques.

Militants et ONG mènent ce combat. Tostan, une organisation sans but lucratif active en milieu rural au Sénégal, permet d’accélérer le rythme. S’appuyant sur une approche globale et intégrée de l’éducation informelle, Tostan contribue à l’émancipation des communautés en abordant des questions comme les valeurs, la démocratie, les droits humains et la responsabilité, la résolution de problèmes, l’hygiène ou la santé. Misant sur le long terme, l’organisation aide les membres de la communauté à réfléchir à d’autres normes et aspirations.

Nous sommes convaincus que la 1ère étape du combat contre les mutilations génitales passe par la loi et par l’information pour s’assurer que les filles et les femmes connaissent leurs droits.

À cette fin, la vice-présidence juridique du Groupe de la Banque mondiale vient de publier un document qui recense les principaux instruments internationaux et régionaux de lutte contre les mutilations sexuelles qui frappent les femmes, ainsi que les législations nationales adoptées pour proscrire ces pratiques. Ce document de travail, élaboré pour contribuer au débat sur cet enjeu essentiel pour le développement, part du principe que la connaissance de la loi est un vecteur d’émancipation indispensable pour mettre fin aux mutilations génitales féminines.

Nous espérons que ce recueil répondra aux attentes des personnes intéressées par cette question mais également des intervenants qui s’occupent des victimes et des femmes et des filles menacées de subir les mêmes sévices. Nous l’avons conçu comme un instrument de référence pour les professionnels du développement, les avocats, les chefs communautaires, les victimes, les universitaires, les chercheurs et les étudiants et quiconque voudrait participer au mouvement #EndFGM.

En 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution pressant la communauté internationale d’intensifier les actions visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines. Par ailleurs, elle appelait « les États, le système des Nations Unies, la société civile et tous les acteurs concernés à continuer de célébrer le 6 février la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines et à en saisir l’occasion pour intensifier les campagnes de sensibilisation et prendre des mesures concrètes ».

Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, s’était exprimé contre ses pratiques en 2014 : « en tant que médecin, je comprends l’immense souffrance des femmes. En tant qu’anthropologue, je vois à quel point ces pratiques sont ancrées, mais aussi qu’il n’y a rien d’inéluctable. »



 

Src: banquemondiale.org